vendredi 8 avril 2011

Modelabs répond à l'appel du luxe

Spécialiste des accessoires pour mobiles, le français se lance dans la personnalisation de smartphones avec des marques comme Dior, Versace ou Tag Heuer.

Des touches ornées de pierres précieuses, un clavier serti de diamants, une coque en python. Le portable de luxe tient plus du bijou que du mobile, et ce jusque dans son prix, qui oscille entre 3 000 et plus de 60 000 euros suivant les finitions. ModeLabs, à l'instar de Vertu, filiale luxe du numéro un des mobiles Nokia, en a fait une de ses spécialités. Il fabrique des appareils pour le compte de Dior, Versace, ou encore de l'horloger Tag Heuer, pour lequel il a conçu un téléphone qui sera disponible sous Android. Le nouveau jouet high-tech a été présenté fin mars à des clients privilégiés au salon mondial de l'horlogerie de Bâle.
« Le marché du mobile de luxe en est à ses débuts, et représente quelques centaines de milliers de clients dans le monde par an, dont moins de 5 % en France », précise Stéphane Bohbot, patron et fondateur de ModeLabs Group. La société parisienne a elle-même fait son entrée depuis peu sur ce segment, où elle a déjà réalisé l'an dernier 19,8 millions d'euros de chiffre d'affaires, en croissance de 27,7 %.
Championne de la personnalisation de mobile, ModeLabs s'est jusqu'à présent fait connaître sur le marché de l'accessoire « traditionnel », où il est devenu leader en France. Les 10 millions d'oreillettes, chargeurs et autres cartes à mémoire vendus à des marques de distributeurs ont permis à sa division distribution de dégager un chiffre d'affaires de 220,4 millions d'euros en 2010. Et ce sont toujours les accessoires de téléphonie qui permettent au groupe de soutenir sa croissance - 35,2 % en 2010 - et son résultat opérationnel - en hausse de 239 %, à 5,1 millions d'euros. Sans surprise, l'essentiel de la gamme ModeLabs Distribution est produit en Asie et en Europe de l'Est. C'est tout l'inverse pour sa petite soeur du luxe. Avec ModeLabs Manufacture, Stéphane Bohbot met en effet un point d'honneur à faire du Made in France, de la R&D à l'assemblage des pièces chez ses sous-traitants basés à Ribeauvillé et Montauban. Pour superviser le tout, ModeLabs travaille en étroite collaboration avec ses marques partenaires. Cela va de l'esquisse du prototype à la distribution dans leurs points de vente ou dans des réseaux haut de gamme (Colette, grands magasins, Harrods...). Une stratégie gagnante. Nicolas Teisseyre, senior partner chez Roland Berger, estime que la clé du succès pour le luxe est de « produire en petites séries des appareils très personnalisés, de manière à se distinguer d'Apple ou RIM (Blackberry) qui ont une forte capacité d'innovation et une couverture mondiale, ou de Samsung qui joue sur des faibles coûts ».

Cap technologique

La machine pourrait s'accélérer avec le lancement des premiers smartphones de luxe, qui permettront de surfer sur Internet ou de télécharger des applications, alors que la génération actuelle offre seulement la possibilité d'appeler et d'envoyer des SMS. Tag Heuer va franchir le cap « fin juin-début juillet », annonce Eric San Miguel, responsable diversification du groupe suisse. Mais, pour l'instant, aucun commentaire sur le prix ou le design de cette nouveauté avec laquelle ModeLabs joue gros.
« Cela va ouvrir des portes à une clientèle plus large, avide de technologie mais toujours sélecte », prédit Stéphane Bohbot. Le fondateur de ModeLabs espère conquérir l'Europe, ses appareils étant surtout prisés en Chine, en Russie et au Moyen-Orient. De nouveaux potentiels de croissance pour celui qui, à 22 ans, inventait un logiciel de téléchargement de sonnerie personnalisée, et qui rêve de voir ses dernières petites œuvres d'art greffées à la main des actrices et des business travellers.

Source : Challenges.fr

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